Chauffer ? Oui, mais…

Voyons d’abord ce qu’il se passe dans un étang ou un lac naturel.

Les Koi que vous possédez sont issues de carpes qui à l’origine évoluaient dans de grandes étendues d’eau, dans lesquelles la température variait avec les saisons. Il en est de même aujourd’hui et le déplacement saisonnier des poissons dans un lac est d'ailleurs conditionné par deux facteurs principaux : la température et la concentration en oxygène.

Dans ces grandes masses d’eau avec peu de courant - comparativement à nos bassins - un phénomène de stratification des couches d’eau provoque deux effets. Le premier est très connu puisqu’en été lorsque l’eau est réchauffée par le soleil, la partie supérieure de l’étang va se réchauffer par rapport au fond. L’eau la plus chaude va donc se mesurer près de la surface.

En hiver, sous l’effet du vent, du gel, la couche supérieure de l’étang ou du lac se refroidit et lorsque l’eau de surface est plus froide que l’eau du fond, elle commence à s’enfoncer vers le fond. Progressivement, tout le lac se refroidit car l’eau froide est plus dense que l’eau chaude.
Le second phénomène intervient grâce à une propriété particulière de l’eau : en continuant de se refroidir, l’eau vers 4° devient plus légère. Et lorsque la température du lac devient très froide, l’eau du fond reste à une température de 4°, tandis que la surface se refroidit toujours. Les carpes ancestrales nageaient en exploitant ces différences de températures.

Lorsque l'hiver se manifestait et que la température de l'eau diminuait, les carpes s’alimentaient moins et s’enfonçaient en profondeur : ainsi les ancêtres de nos Koi ont évolué pour faire face à l'hiver dans des lacs naturels non chauffés.

Pour observer une différence de température très nette entre la surface et le fond, plusieurs conditions doivent être réunies : la profondeur doit être importante, le courant d’eau faible et certains autres facteurs naturels qui ne nous intéressent pas dans le cadre d’un bassin à Koi…

Que se passe-t-il dans nos bassins à Koi ?

L’eau la plus froide est toujours mesurable à la surface, à condition que le courant soit très faible voire nul. Mais dans nos bassins peu profonds (un bassin de 2,50 m reste un bassin peu profond…) cette différence ne peut se mesurer qu’en dixièmes de degré et lorsque la pompe est en fonction, cette différence ne se mesure même plus et le bassin dans son ensemble refroidit dangereusement.
Et là, beaucoup parmi pensent qu’il suffit de stopper la pompe pour régler le problème… Mais cela n’est pas si simple car de grosses différences existent entre un lac peuplé de carpes et un petit bassin à Koi.

Les Koi, justement, n’ont plus rien à voir avec leurs ancêtres et n’ont plus la faculté de résister aussi longtemps à de basses températures. En plusieurs dizaines d’années de sélection au Japon, il est manifeste que les Koi sont devenues plus frileuses et les pertes massives constatées après l'hiver il n’y a encore que quelques années en est la preuve.

Autre différence : l'activité bactérienne d’un lac et celle d’un bassin à Koi ne réagit pas de la même façon. Celle-ci se réduit à mesure que la température diminue mais ne s'arrête pas complètement tant que l’apport en énergie, donc en déchets azotés, est maintenu.

Les bactéries du genre Nitrosomonas ont la faculté de stopper leur activité de longues périodes et de pouvoir redémarrer plus tard. C’est moins vrai pour le genre Nitrobacter qui nécessite un « réveil » plus lent, quand cette souche n’a pas disparue après l’hiver. Dans la nature, un réservoir inépuisable de bactéries voit son activité ralentir mais reste bien en activité toute l’année.

En bassin à Koi, si vous stopper la pompe, il est clair que la filtration biologique demandera du temps avant d’être opérationnelle à 100 % après l'hiver.
La pompe de filtration doit donc fonctionner sans interruption, tout au long de l’année. De plus, comme nous l’avons vu, le bassin doit être maintenu à une température adéquate : cela nécessite d’isoler le bassin, sinon au minimum de le couvrir en hiver.
Un document consacré à cette couverture de bassin et à l’hivernage du bassin est disponible sur le site : nous allons développer ici comment il faut chauffer le bassin.

Activité bactérienne et résistance des poissons

L’activité bactérienne d’un plan d’eau concerne les « bonnes » bactéries nécessaires à la bio filtration, mais concerne aussi le développement des bactéries pathogènes présentes dans tous les bassins. Le développement de ces dernières est limité d’une manière générale par la bonne gestion d’un bassin, par la présence d’autres bactéries qui occupent le terrain, et concernant les poissons, par leurs faculté à s’en protéger, le système immunitaire.

Le système immunitaire des Koï dépend aussi de la température : selon les sources, un Koi est parfaitement capable de se défendre à partir d’une température voisine de 12°C. (15°C selon des sources vétérinaires). Et tout le monde s’accorde à dire que le système immunitaire est optimal à partir de 22°C.

Les bactéries pathogènes du genre Aeromonas (par exemple, Aeromonas hydrophila) sont inactivées en dessous de 4,6°C: on en déduit très vite que la plage de température comprise entre 4,6°C et 12°C est une plage dangereuse pour les Koi. Etant infectée dans cette fourchette de température, son système immunitaire est incapable de réagir…. Et le genre Aeromonas n’est pas le seul présent dans nos bassins !

Chauffer, mais comment ?

En maintenant la filtration en fonction et en couvrant le bassin, vous réunissez les conditions minimales de bien-être pour vos Koi. C’est déjà pas mal.
En chauffant le bassin, vous améliorez considérablement les conditions : on peut distinguer ici, deux manières d’envisager les choses. Soit vous chauffer à 6 ou 7 °C : maintenir un bassin couvert à cette température ne coûte pas très cher, mais une infection peut être fatale en plein hiver.
Soit, vous chauffer à 13°C : dans ce cas, vous pouvez continuer à nourrir durant toute l’année et vous permettez une meilleure réaction des poissons en cas de maladie.

Une alternative pratiquée par des amateurs consiste à maintenir 13 – 14°C le plus tard possible avant l’hiver. Arrivé au mois de janvier, on laisse chuter gentiment la température du bassin, ceci pour provoquer une période plus froide de deux à trois semaines pour les femelles.

Comme on le sait, le développement des gonades demande une somme de températures annuelle exprimée en degrés-jours. Ce développement peut être accéléré en réchauffant le milieu précocement, et l’on amène alors la température souhaitée par chauffage de l’eau jusqu’au mois de mars.
Soit à la température normale rencontrée à ce moment-là et localisée à l’endroit où est situé le bassin d’ornement, soit à 25°C si le but est une reproduction qui est souhaitée assez tôt dans l’année.
Comme vous le voyez, chauffer un bassin est nécessaire pour diverses raisons.


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