Beaucoup d'amateurs de Koi chauffent leur bassin durant la période hivernale.
Mais il est vrai que beaucoup de gens possédant un bassin depuis parfois plus de 15 ou 20 ans ne couvrent pas leur bassin, et il semble que malgré ce manque de précautions, ces derniers ne relèvent pas de pertes ou de problèmes... Alors, pourquoi couvrir et/ou chauffer ?
Tout dépend d'abord de l'origine des Koi: certaines variétés de par leurs origines géographiques ou de par leur capital génétique ne supportent pas de longues périodes en eau (trop) froide. Ce fait est de plus en plus constaté.
Les Koi importés il y a quelques 10 ans connaissaient encore des périodes hivernales rudes. De nos jours, les sujets du Japon sont pour bonne partie rentrés en serre avant l'hiver japonais qui très rigoureux. Et ramenés dans nos contrées, si nous laissons ces poissons durant 4 - 5 mois dans de l'eau glacée, il est évident que sans nourriture, ils ne pourront que survivre...
Or si nous maintenons des Koi, ce n'est pas pour qu'ils survivent, mais pour leur permettre des conditions de vie minimalistes ou acceptables sinon idéales.
Les dispositions à adopter dépendent des sujets et de leur origines, du type de bassin et de sa localisation, et enfin des motivations et du but poursuivi (Koi d'ornement ou Koi de valeur pour Koi Show, entre autres).
Au minimum, une simple couverture permet de ralentir et de minimiser le refroidissement de l'eau: cela permet d'obtenir la plupart du temps une température acceptable. D'autres peuvent chauffer à 7-8 °C, ceci pour décoller de la température limite de 4-5 °C.
Pour d'autres, plus attentifs, ils pourront chauffer à 17-18 °C dans le but de continuer à alimenter les Koi avec une nourriture un peu plus protéinée. Retenez simplement qu'une simple couverture de bassin permet - dans quasiment toutes les configurations - de gagner 3 à 4°C par rapport à un bassin non couvert !
Ceci pour maintenir un rythme nycthéméral (cycles biologiques jour / nuit). Il n'est pas prouvé que ce cycle soit indispensable et vital pour les poissons: on constate cependant que l'alternance jour / nuit intervient dans le mode de déplacement ou encore dans la lutte contre certains parasites. Dans la nature, d'autres conséquences sont plus facilement identifiées et notamment l'interaction entre prédateurs et leurs proies.... ou l'interaction entre l'homme et les animaux (chasse de nuit). Ce qui n'est pas le cas dans nos bassins.
Par contre, on peut souvent constater que des Koi ayant passé plusieurs semaines ou plusieurs mois dans l'obscurité seront beaucoup plus craintifs au printemps: leurs couleurs seront aussi quelque peu ternies et il faudra quelques temps pour revenir à une situation normale.
Néanmoins, un point important peut décider certains propriétaires de bassin à installer une couverture opaque. Il n'est pas rare en hiver, de voir pousser des algues filamenteuses: en été, même si ce genre de problème arrive, il est facilement possible de s'en prémunir, mais ce n'est pas le cas en hiver, surtout avec un bassin difficile d'accès.
La conséquence est que dans certains cas, la quantité d'algues est telle que durant la nuit, la quantité d'oxygène peut diminuer sensiblement au point de voir les Koi remonter à la surface. Au pire, nous assistons à la mort de quelques sujets, au mieux, à un inconfort certain.
Bien entendu, ceci n'est pas à généraliser, mais pour les possesseurs de bassin qui ne maîtrisent pas la pousse d'algues, il serait peut-être bon de prévoir une couverture mixte du genre 2/3 opaque et 1/3 translucide.
Un second point positif d'une couverture opaque est aussi à mettre en balance: on sait très bien qu'en cas de danger, un Koi ira se réfugier sous un abri (un pont, des plantes s'il y en a dans le bassin etc). Et donc, une couverture opaque apportera beaucoup plus le sentiment de sécurité aux Koi qui, de ce fait stresseront moins. Cet argument avancé par certains spécialistes ne peut pas être écarté, mais ne reste valable que dans certaines circonstances. On voit ici - encore une fois - que chaque bassin est un cas spécifique et c'est au propriétaire d'évaluer correctement la situation.
En ce qui me concerne, une couverture 100 % translucide est un choix idéal: pas de développement algal, une situation calme sans bruit ni évènements stressant... de ce fait, la solution des panneaux en polycarbonate s'impose. Même si le polycarbonate type clair (à contrario de l'opalin) ne permet pas de voir distinctement les poissons, il laisse bien passer la lumière.
Le but étant de maintenir un maximum de calories, et d'empêcher la pluie et la neige de refroidir le bassin, la couverture doit autant que possible être débordante et proposer un coefficient d'isolation intéressant. Ce n'est pas forcément le cas du polycarbonate si nous le comparons à du polystyrène, mais ce dernier est opaque et léger.
Opaque, le rend inutilisable sauf si l'on prévoit une zone de passage pour la lumière.... Léger, on ne peut que le poser directement sur l'eau sinon il est compliqué de le maintenir sur structure sans risquer de le voir s'envoler...
Et le poser sur l'eau est une fausse bonne idée: même si l'on prévoit une petite zone de surface d'eau libre de ce matériau, le gros danger est qu'elle soit insuffisante pour permettre les échanges gazeux. Une couverture en PU posée sur l'eau entrave les échanges gazeux: le risque va d'une chute du pH, un empoisonnement, mort par manque d'oxygène... Il est facile de s'en prémunir en aménageant une zone de quelques m2 libre, mais cette solution ne me paraît pas la plus avantageuse, pour ne pas dire risquée.
A choisir, je crois préférable d'opter pour une solution très moyenne au niveau isolant, mais qui permet de nombreux avantages (lumière, facilité de pose, polyvalence) plutôt qu'une solution performante au niveau isolation mais qui risque de générer des troubles tant pour les poissons, que pour les paramètres de l'eau.
Même si l'opération de couverture ne se fait qu'une fois par an, elle doit rester aisée et rapide. Ceci est d'autant plus vrai que le bassin à couvrir est relativement grand, de forme non géométrique et constitué d'une rive enrochée...
La structure située sur la plus grande largeur (6 m) doit aussi résister au poids normal de la neige et si possible au poids d'une personne en plus de la neige...
La solution de tendre une bâche PVC renforcée était aussi envisagée mais les nombreux points d'ancrage à prévoir, le bruit généré par le vent etc font que la pose de panneaux en polycarbonate est le meilleur compromis, puisque - une fois de plus- toute solution n'est finalement qu'un compromis que chacun doit adapter à son cas.
Après quelques essais, l'idée d'appuyer une simple structure de bois sur les rives du bassin et sur une plate-forme flottante s'est avérée la meilleure.
Elle permet d'utiliser des chevrons de petite section donc plus légers, et de pouvoir être malgré tout autoportante. Après avoir testé plusieurs solutions, un ensemble de 8 chambres à air (modèle pour petit camion) semble suffisant pour maintenir la couverture de niveau (soumise à une charge de 40 kg/m2, ce qui représente une couche de neige de 20 cm).
Dans le cas de ce bassin, deux structures flottantes sont nécessaires ainsi qu'un simple recouvrement du pont par quelques plaques de polycarbonate.
Le tout n'est pas "hermétique" mais le vent n'a que peu de prise car les plaques affleurent les pierres plates autour du bassin.
De simples verrous PVC permettent le blocage des plaques: il est possible d'enlever une plaque quelque soit sa position en moins d'une minute. Sécurisant.
Une trappe coulissante permet de nourrir les poissons sans devoir démonter une plaque entière.
Voilà pour la théorie (qui fût longue), voici en pratique ce que cette couverture implique....
Après une période de travaux de façade, cette année 2015 s'achève ...
Le local technique presque terminé...
Vues d'ensemble...
Le détail: les chambres à air sur lesquelles repose la structure ...
Une trappe coulissante ...
Lorsque le temps se refroidira, deux plaques supplémentaires couvriront le pont.