Le style du bassin et son implantation 

Le choix du style de bassin à aménager est la première décision importante et difficile à prendre: en effet, il peut varier par la taille, la forme, l’intégration ou au contraire l’absence de plantations, le style du jardin souvent déjà existant... 

Le bassin est-il un bassin d'ornement, ou un bassin spécialement élaboré pour maintenir des Koi ?

Le budget est également déterminant, ainsi que la place disponible: le plan d’eau étant souvent la pièce maîtresse d’un jardin, il faut malgré tout rester réaliste et opter pour une réalisation accessible sur le plan financier.

Une simple petite mare suffit parfois à agrémenter un coin de jardin, mais très souvent après quelques mois les travaux reprennent afin d’agrandir un projet de départ trop timide...

Avant de réaliser les premières esquisses de votre jardin aquatique, n’hésitez pas à vous documenter car très souvent, au gré d’une lecture ou d’une visite, les idées géniales fusent et deviennent le fil conducteur d’une réalisation.

Lorsque le style de bassin est déterminé, il ne suffit plus qu’à réaliser une implantation. 

Mais entre une marre, un étang planté, un bassin mixte ou un vivier à Koi, il existe des différences considérables; à force de vous documenter vous trouverez les éléments nécessaires pour finaliser votre choix

La majorité des gens optent pour le bassin mixte: il permet de maintenir des Koi tout en disposant d’un bassin dont les plantes rehaussent la qualité esthétique de l’ensemble.

A contrario, pour les Koikeepers dont le but n’est que d’élever des Koi, l’aspect décoratif importe peu: ces viviers ressemblent par leur conception à des piscines et le "beau" n'est pas la priorité. 

Même si les Koi broutent les végétaux, il est possible de réaliser des bassins mixtes pouvant contenir des kois par dizaines: nous verrons comment les réaliser.  Le bien-être des animaux étant un critère important, on peut se demander quel type de bassin convient le mieux aux Cyprinidés que sont les Koi ? 

Naturellement, ils préfèrent les eaux vaseuses envahies de végétaux sécurisants, à l’abri du soleil ou des prédateurs, ils peuvent ainsi brouter ou remuer le fond du bassin à la recherche de larves ou d’insectes de toutes natures... Mais envisager un bassin de ce type dans un jardin, tel qu’il pourrait l’être dans la nature, n’est pas réalisable. Pourquoi ?

Parce que votre intérêt est de voir vos poissons, donc d’éclaircir l’eau par filtration. Aussi parce que dans votre bassin, le fond n’est pas constitué de vase où les plantes poussent librement, il faut réaliser des contenants ou les mettre en bacs...

On peut donc s’efforcer d’imiter l’aspect naturel d’un étang tout en ayant conscience qu’il s’agit d’une réalisation artificielle qu’il faut épurer par filtration. Les jardins du monde ont aussi beaucoup d’attrait et qu’ils soient de type japonais, exotiques ou encore méditerranéens, certaines règles sont à observer si vous envisagez de maintenir des Koi. 

L’implantation

Le type d’environnement étant déterminé, il faut maintenant arrêter votre choix sur l’implantation du bassin. Avant de vous mettre au travail, consultez votre administration pour connaître exactement quelles sont les limites permises: selon l’importance du projet, peut-être vous faudra-t-il demander un permis. Pensez à respecter les limites constructibles avec le voisinage !

Cette précaution étant prise, il faut tenir compte principalement des facteurs suivants: la sécurité des enfants, la topographie du terrain, l’ensoleillement, les arbres et enfin, surtout la visibilité du plan d’eau depuis la maison ou une terrasse.

S’ajoute à cela la nature du sous-sol, la distance séparant le bassin d’un éventuel local technique ou le bruit d’une cascade qui pourrait provoquer des problèmes avec des voisins...

Il n’est pas toujours évident de réunir toutes les conditions, dès lors les premiers compromis sont de mise ! Voici quelques considérations concernant ces facteurs. 

La sécurité des enfants

Si des précautions ne sont pas prises, il est clair que des enfants en bas-âge risquent de tomber dans l’eau.

En fonction du type de bassin et de son implantation, les mesures de protection devront être adaptées. Un muret d’enceinte, une haie ou des massifs - même temporaires -  peuvent  offrir une protection efficace. Certains préfèrent des bassins semi-enterrés, d’autres, des systèmes d’alarmes très utilisés pour les piscines. 

Même si ces derniers sont efficaces, ils n’empêchent pas les enfants de tomber dans l’eau !

L’avantage d’un plan d’eau situé près de la maison est d’offrir la possibilité d’une surveillance plus aisée et donc, un temps de réaction plus court. 

La réalisation de paliers assez larges dont la profondeur est modérée peut permettre également à l’enfant qui tombe, d’échapper à la noyade mais cette éventualité reste optimiste.

Du point de vue sécurité, le bassin hors-sol présente l'avantage d'être le moins dangereux: il n'est pas forcément le plus esthétique, mais bon nombre de puristes n'envisagent pas de bassin autrement. 

La topographie du terrain

Les terrains pentus permettent facilement d’obtenir de beaux jardins: cascades, ruisseaux sont quelques ingrédients qui contribuent à la réussite. Encore faut-il que la pente soit bien orientée et pas trop prononcée: dans ce cas, il reste la possibilité d’implanter plusieurs petits bassins en terrasse. 

En terrain plat, la réalisation d’une cascade requiert un certain savoir-faire: s’il n’est pas difficile d’amonceler un tas de terre qui servira de support, d’étanchéiser le tout,..., la partie n’est pas gagnée pour autant !

Trop souvent, des cascades ressemblent à des terrils dont les pentes évoquent un tas de sable versé par un camion-benne ! 

Si la surface du terrain le permet, et pour tenter de rendre une cascade la plus "naturelle" possible, des successions très étalées de petites parcelles en terrasses ascendantes, permettront l’élévation du terrain de manière plus esthétique. Il suffira par la suite, de réaliser un écran végétal à l’arrière de cette élévation pour rendre l’ensemble cohérent. 

L’ensoleillement

L’exposition du bassin doit retenir toute votre attention: trop exposé, cela provoque une élévation de la température et indirectement un appauvrissement de l’oxygène dissous. Cela engendre également l’apparition d’algues unicellulaires (eau verte). Ce n'est pas grave, mais il faut en tenir compte.

Il est évident qu’un stérilisateur UV peut détruire ces algues vertes; il reste malgré tout le problème de l’élévation de température .... Il importe donc de trouver un compromis afin que le plan d’eau bénéficie d’un ensoleillement moyen de manière à ce que la croissance et la floraison des plantes soient satisfaisantes.

Notez que la profondeur du bassin est déterminante, il est déconseillé d’entreprendre un bassin dont la profondeur est inférieure à 1,50 m  (moins si chauffé en hiver). 

Si l’ensoleillement du futur bassin est important (plus de 8 à 9 heures par jour), il vous reste la possibilité de l’ombrager: très souvent, les nénuphars suffisent pour réduire l’impact du soleil. Sinon, il existe quantité de voiles d'ombrage qui peuvent à la fois ombrager le bassin et le rendre plus attractif !

Vous pouvez également recourir à de petites constructions annexes: pont, terrasse débordante, pergola...qui peuvent protéger les poissons de coups de soleil.

La proximité d’arbres

Les arbres, dont les feuilles peuvent tomber dans l’eau, peuvent poser problème; à moins d’être attentif et de poser des filets, mieux vaut éviter la proximité de ceux-ci. Les débris organiques qui s’accumulent au fond de l’étang consomment de l’oxygène inutilement tout en provoquant une pollution.

Les sapins et autres bambous sont autrement plus ennuyeux: les aiguilles de sapin, irrécupérables, acidifient l’eau et peuvent colmater les pompes, quant aux bambous, ils possèdent des racines capables de percer l’étanchéité du bassin. 

A cet effet, certains utilisent des barrières en matières synthétiques dont le but est de dévier la trajectoire des racines: dirigées vers le haut, les racines sortent de terre et il suffit de les couper régulièrement.

Si l'environnement immédiat comporte beaucoup de végétation, il faut en tenir compte en renforçant un peu l'aspiration de surface du bassin.

La visibilité du plan d’eau

La réalisation d’un plan d’eau procure beaucoup de bonheur, mais deux problèmes sont souvent soulevés: la sécurité et les prédateurs tels que les hérons ou les chats. Certes, la proximité du bassin n’évite pas ces problèmes, mais permet malgré tout d’éviter des allées et venues entre le jardin et la maison.

Tranquillisé, vous pourrez toujours intervenir rapidement si quelque chose d’inhabituel se passe; par ailleurs, vous aurez également le bonheur de constater l’établissement de la faune locale. Sur un plan plus terre à terre, la proximité du plan d’eau permet également de résoudre plus facilement (et à moindre coût) la question des réseaux ou de la filtration.

Si la zone aquatique ne peut être disposée de manière à offrir une vue panoramique, elle peut très bien être située dans un endroit plus discret, tout dépend de la nature et de la surface du jardin. Une propriété relativement étroite mais profonde permet de créer des jardins à thèmes, dont les scènes se découvrent successivement au gré de la visite. 

Des graminées, des bambous ou des panneaux délimitent ainsi les différentes zones dont l’accessibilité est rendue possible par un parcours étudié. Au détour d’un sentier, on est surpris d’entendre le bruit d’une cascade qui révèle la présence d’un plan d’eau... Une gloriette, une terrasse surmontée d’une pergola permet alors de se tenir près de l’étang à l’abri des regards ou du vent.

Si l’implantation du bassin vous pose des difficultés, il vous reste la possibilité de consulter des paysagistes, habitués à cet exercice, ils ont le coup d’œil et ils pourront vous proposer des solutions d’aménagement bien étudiées. Par la suite, confiez la réalisation technique du bassin à un professionnel: rarement les paysagistes maîtrisent les différents aspects de la conception d’un bassin (hydraulique, filtration...).

Souvent, et c’est leur métier, ils pensent prioritairement à la qualité visuelle du bassin tout en négligeant les exigences de la faune du plan d’eau. C'est malheureusement souvent une réalité qui nécessite un remaniement du bassin qui peut coûter très cher !

Après avoir soigneusement étudié toutes les possibilités, vous êtes en mesure de décider à quel endroit va se situer votre nouveau plan d’eau. L’étape suivante va vous permettre d’en dresser les premières esquisses, comme vous allez vous en rendre compte, la forme du bassin n’est pas simplement une affaire de goûts. 

La forme du bassin

Dans un jardin préexistant, l’intégration réussie d’un plan d’eau dépend étroitement du style de l’environnement: d’une manière générale, la forme du bassin devrait donc évoquer les formes des éléments de la périphérie. Le style de la maison, la forme des massifs voisins, la nature des matériaux, (d’une terrasse ou des petites constructions...) sont des éléments qui devront s’accorder harmonieusement avec les nouveaux aménagements. 

A titre d’exemple, dans un environnement champêtre, un bassin aux formes arrondies paraîtra plus naturel qu’un bassin rond ou rectangulaire. A contrario, placer un bassin identique dans un environnement rectiligne, sans être de mauvais goût, ce "mariage" ne permettra pas forcément de rehausser la qualité visuelle de l’ensemble. Dans le cas d’un nouveau jardin qui ne possède pas encore de caractère, tout est permis et seules les contraintes techniques sont à évaluer.

Deux autres aspects sont à prendre en compte: l’hydrodynamisme de l’eau et les problèmes liés à l’étanchéité. Concernant le premier point, il faut éviter de donner au plan d’eau des formes qui engendrent des zones où l’eau n’est pas suffisamment brassée; mal oxygénée, sa qualité peut décroître rapidement par accumulation de déchets.

Quant à l’étanchéité, si celle-ci est assurée par une bâche, les formes sophistiquées impliqueront forcément de nombreux plis. Certes, il est possible de réduire l’impact visuel de ces plis (les plis sont aplanis puis collés) mais des bourrelets resteront visibles... Si l’étanchéité est assurée par un stratifié polyester (matériau composite, appliqué sur place), toutes les fantaisies sont réalisables.

Pour progresser dans votre démarche, en tenant compte de ce qui précède, matérialisez votre futur bassin sur le terrain, à l’aide d’un tuyau d’arrosage ou d’une corde. A ce stade, tenez compte que les membranes EPDM existent en 15 m de large maximum, selon la profondeur du bassin, à vous de déterminer si la largeur de votre plan d’eau n’est pas supérieure aux largeurs disponibles (+/- 3, 6, 7, 9, 12 et 15 mètres pour l’EPDM). 

Pour de (très) grands bassins, il est possible d’assembler plusieurs membranes: il n’y a donc pas de contraintes à ce niveau-là, mais ayez à l’esprit qu’il faudra une filtration et tout l’équipement en adéquation ! A l’inverse, évitez les volumes trop modestes car ils sont instables et sources de frustration: beaucoup de petits bassins sont purement et simplement détruits après quelques années pour faire place à des projets plus ambitieux 

La profondeur

Avec la surface, la profondeur est le paramètre le plus important d’un bassin: il faut en avoir conscience très tôt car cela entraîne des répercussions importantes sur la gestion du plan d’eau. Concernant la surface, elle doit être la plus étendue possible car plus la surface de contact entre l’eau et l’air est grande, plus l’oxygène contenu dans l’air peut diffuser dans l’eau. Ainsi, deux bassins possédant la même superficie mais présentant des profondeurs différentes, ne seront pas oxygénés de la même manière; en effet, le bassin le plus profond sera le moins oxygéné.

Ceci est un élément très important à retenir surtout pour ceux qui privilégient principalement la croissance des Koi.

La croissance des Koi relative à la profondeur du bassin est souvent sujet à controverse mais une chose est certaine, un bassin peu profond possède une petite inertie thermique. Cela se traduit par des variations de températures importantes et rapides; si le bassin est destiné à maintenir des Koi, ces derniers ne pourront subir ces écarts importants sans en souffrir. De plus, en été, les bassins de faibles profondeurs s’échauffent plus facilement et comme l’eau chaude retient moins bien l’oxygène que l’eau froide, des problèmes de détresse respiratoire peuvent apparaître.

A l’inverse, dans les bassins dont la profondeur est adaptée, les variations de la température sont plus lentes, on réduit les problèmes liés à l’oxygénation, et en hiver, ceux-ci permettent également aux poissons de passer la saison froide de manière plus confortable. On considère qu’une profondeur minimale de 1,50 m permet dans la plupart des cas de réaliser des plans d’eau agréables et faciles à gérer en hiver. 

Plus profond, c’est possible et favorable pour les Koi qui en bénéficient sur le plan physique toutefois, inutile d’exagérer car n’oubliez pas qu’il faudra traiter tout ce volume d’eau. Un vivier à Koi de bonne conception possède une profondeur qui varie entre 1,50 et 2,00 m. Un bassin de jardin, plus ornemental mais qui peut recevoir de beaux spécimens de Koi possède une fosse dont la profondeur varie entre 1,50 et 2,00 m.

Dans ce dernier, des paliers intermédiaires sont souvent réalisés pour l’installation de bacs de plantations. Retenez qu'un bassin à Koi spécifique est profond de 1,50 à 2,00 m et un bassin à Koï de type ornemental devrait mesurer entre 1,20 m et 1,50 m idéalement.

Ces pratiques valent pour des bassins situés dans nos contrées… Là où les hivers peuvent être froids et longs !  Mais dans les pays plus chauds ?

Créer un bassin à Koi dans un pays méditerranéen ou à climat tropical doit être envisagé de manière différente, mais pour bien comprendre, il faut revenir aux fondamentaux.

Les fondamentaux

Très souvent, on peut lire ici où là que pour faire grossir des Koi, un bassin doit impérativement être très profond. On entend par « très profond », une valeur minimale de 1,80 – 2,00 mètres minimum. Pour avoir vu et suivi l’évolution de centaines de bassins, le constat est très clair : il est fréquent de voir des Koi de grandes tailles dans de petits bassins à (très) faibles profondeurs et inversement, on peut constater que les Koi maintenus dans des bassins profonds ne sont pas forcément tous très grands ! Ceci est donc une idée reçue.

L’idée de construire un bassin profond est bonne si elle est fondée sur le principe de ralentir les variations de température et/ou d’augmenter le volume d’eau du bassin lorsque la surface est limitée : ce volume augmenté, permettant de maintenir un peu plus de spécimens dans de bonnes conditions (1 Koi / 2 m3 maximum).

Mais en climat chaud voire très chaud, le problème essentiel n’est pas celui que nous rencontrons ici c’est-à-dire des hivers froids et longs, mais un problème … d’oxygénation principalement.

On sait que l’eau chaude peut contenir moins d’oxygène : ce phénomène est amplifié par la pression atmosphérique, donc également l’altitude à laquelle le bassin est implanté.

Pour solutionner ce problème il est inutile de construire profond car tôt ou tard, la température de l’eau finit quand même par monter, que le bassin fasse 1 m ou 2,50 m de profondeur !

Pour améliorer l’oxygénation du bassin, il faut donc d’abord modifier le ratio profondeur / surface en privilégiant des bassins dont la surface est très vaste. Pour réduire l’élévation de température, il faut également ombrager la totalité du bassin et veiller à installer des systèmes d’agitation de l’eau (cascades, jets d’eau etc). Ceci provoquera de l’évaporation qu’il faudra compenser mais c’est le désavantage d’un tel climat.

Pour en revenir aux fondamentaux, qu’est ce qui fait qu’un Koi peut grossir et grandir convenablement ? Une bonne oxygénation, de l’eau chaude et une l’alimentation de qualité.

Après ce n’est plus qu’une question de génétique car certains spécimens sont voués à rester chétifs, tandis que d’autres possèdent des gênes favorables à une croissance extraordinaire.

Nous savons que les Koi ne grandissent  pas à basse température : la température de l’eau est donc essentielle pour la croissance. Un bassin situé en climat chaud est donc finalement propice au maintien de Koi mais pour maintenir une concentration d’oxygène optimale, la densité d’empoisonnement devrait passer à 1 Koi pour 4 m3. Rappelons que l’activité des bactéries de la filtration biologique consomment énormément d’oxygène. Pour diminuer cette consommation énorme, et bien réduisons simplement le nombre de Koi dans le bassin.

Chaque latitude à ses avantages, et ses inconvénients !

Et pour ceux qui souhaiteraient aller un peu plus loin et maintenir un peu plus de spécimens dans ce type de bassin, la solution la plus efficace est l’utilisation d’un concentrateur d’oxygène. L’injection d’oxygène étant bien plus efficace que les simples pompes à air / diffuseurs, il sera assez facile de maintenir de bonnes conditions malgré les températures extrêmes.


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